En technicolor

En Technicolor (Hervé Le Tellier - Remi Chenylle)

Luca : Sans vouloir te vexer, j’ai déjà été avec des filles bien mieux que toi.

Julie : Oui, mais d’un autre côté, tu n’es pas avec moi. Et d’abord, bien mieux que moi comment ? Plus de seins ? Ils ne sont pas mal, pourtant. Petits, d’accord, mais il n’y a jamais eu de plainte.

Luca : Il n’y a pas que les seins, mademoiselle.

Julie : J’ai aussi de très jolis yeux. Regarde.

Luca : Vediamo un po’.

Julie : Attends, donne-toi plus qu’une seconde. La beauté, ça se mérite.

Luca : Bon. Alors, allons-y pour les yeux. Fa vedere. (il la regarde longuement. Elle lui fait un clin d’œil) Ah, tu triches, tu as fait un clin d’œil.

Julie : Tous les coups sont permis.

Luca : Bon, ils ne sont pas mal. Autre chose ?

Julie : Je sens très bon.

Luca : Ça, c’est facile. Moi aussi, je peux mettre du parfum.

Julie : Je ne te parle pas de mon parfum, je te parle de mon odeur. Je sens vraiment très très bon. Une fleur dans la ville. Tu veux respirer ? La nuque.

Luca : Va pour la nuque. (il respire sa nuque) Oui, c’est vrai. Ta peau a une odeur de pain d’épices. Je ne sais pas définir. Ça doit être le panettone.

Julie : Tu as vu, je prends des risques. Personne ne connaît l’odeur de sa nuque. Et puis, j’allais oublier, j’ai la peau très douce. Bon, mais là, il faudrait que tu aies le droit de toucher.

Luca : C’est juste.

Julie : Et là, c’est beaucoup plus cher.

Luca : Et ce n’est pas dans mes moyens ? (il tend la main vers sa joue, elle recule).

Julie : Le fric d’abord, monsieur. (un temps) Alors, tu as été avec des filles mieux que moi ? Mieux, vraiment ?